Le tricot et moi : années 70 et salopette Patte d’eph’ !!
Qui vous a enseigné le tricot ? A quel âge ? Le tricot - comme l’art de cuisiner - se transmet souvent de génération en génération, de mère en fille. Un héritage familial qui représente souvent bien plus qu’un apprentissage…. Aujourd’hui, j’avais envie de vous partager mes souvenirs d’enfance autour du tricot.
J’ai appris à tricoter avec ma mère dans les années 70 !
Eh oui, il faut bien l’assumer, aujourd’hui, j’ai 60 ans (incroyable, c’est passé si vite !!). J’ai appris à tricoter enfant il y a très très longtemps… C’était l’époque hippie, libre, décomplexée, peace and love, post 68, pantalon Patte d’eph’, taille haute, mini-jupe sexy ou maxi-jupe bohème, veste en daim à franges, chaussures plate-forme, maillots de bain en crochet, motifs floraux (le fameux Flower Power à la Mamma Mia!), formes géométriques, couleurs terre (violet ou marron !!) et pop (vert pomme, jaune citron, rose bonbon, orange…).
La salopette de Jean-Claude !
Au risque de vous décevoir, j’étais toute petite, bien loin de l’effervescence créative et joyeuse de ces années de dingue.
Et ma garde-robe était de mémoire plutôt classique, à l’exception d’une salopette patte d’eph’ jaune, en velours ras « peau de pêche », offerte par mon parrain Jean-Claude que j’adorais (mon parrain et ma salopette) !!! J’ai souvenir que ma petite sœur (bébé de 6 mois) était, elle, dans le vibe seventies (salopette vert pomme, pull rayé marron, jaune, orange et vert) et que ma mère enchaînait de façon addictive des centaines de grannies de couleurs branchées (vert, marron, jaune et orange) pour réaliser une couverture en crochet multicolore XXL et très seventies !!!
La révolution du pull tube
Enfant, je tricotais des trousses à crayons, des vêtements pour ma petite sœur Anne ou pour mes poupées... Ou bien pour Ophélie, notre lévrier (ah son petit manteau rouge en jacquard !!).
Et puis, il y a eu la mode des pulls « tube ». C’était dingue tellement c’était basique et addictif. J’en tricotais à la pelle. D’une seule pièce, tout au point mousse, y compris les manches, ce modèle se tricotait avec de grosses aiguilles. Ultra-fastoche et rapide à réaliser, il a fait le bonheur des débutants en tricot. Si vous êtes de ma génération, ça doit vous parler !!!!
Le tricot des mamies
Mémé, Germaine, ma grand-mère paternelle, très âgée ou lultôt très malade (tous les symptômes d’Alzheimer, mais on n’avait pas encore mis un nom sur cette maladie…) tricotait à longueur de journée avec sa dame de compagnie. Je les visualise encore, Mémé et Madame Poupialo, leurs aiguilles minuscules (du 2, je dirais). leur bavardage et leurs doigts de fée ! Elles produisaient des tonnes de vêtements de bébé minuscules, blancs, roses, bleus ou mauves, loin des couleurs pop des seventies !
Toutes les deux manipulaient leurs fines aiguilles droites en fer avec une grande dextérité. J’étais toujours impressionnée de les voir tricoter de petits diamètres avec 5 aiguilles double pointe ! À l’époque, le tricot circulaire ne se pratiquait qu’ainsi. Le matériel était plus rudimentaire et on était loin des techniques de tricot d’aujourd’hui. Les inventions révolutionnaires d’Elizabeth Zimmerman, célèbre professeur de tricot et grande knitdesigner britannique, née en 1910, n’étaient pas parvenues jusqu’à elles.
Et le plaisir dans tout ça ??
Je me souviens également de mon arrière-grand-mère, très très âgée, quasiment aveugle, qui enchaînait les rangs avec une rapidité décoiffante.
Dans mon souvenir, toutes mes aînées tricotaient vite, très vite, de façon assez mécanique, ce qui m’a donné probablement confiance. Entre leurs mains, le geste du tricot était naturel, intuitif, évident, bref, ça semblait tellement facile !
Quand elles tricotaient, elles ne rigolaient pas (en réalité, je ne me souviens pas les avoir vues rigoler un jour). Dans mes yeux d’enfant, le tricot était une activité austère, elles étaient vissées à leur fauteuil, entre 4 murs, le nez dans leur tricot, ça n’avait pas l’air drôle du tout. Mais ça me fascinait tout de même.
Je crois qu’elles tricotaient à la demande, pour habiller la famille, pour s’occuper les mains, pour tuer le temps, pour se rendre utiles, pour faire des économies, parce que leurs mères, grands-mères le faisaient, parce que « les femmes, ça tricote ! », parce qu’il était interdit à cette époque de ne rien faire…
Avec du recul, je me rends compte du décalage dans notre façon d’aborder le tricot. Aujourd’hui, je tricote parce que j’aime ça, tout simplement. Je prends un plaisir immense à tricoter, à créer, à jouer avec les formes et les couleurs, à imaginer de nouveaux modèles. Je m’amuse tellement !! J’emmène mon tricot partout, sur la plage, en voiture, quand je voyage… Je tricote seule ou pas, devant Netflix, en écoutant un podcast, en refaisant le monde avec mon amie Elisa, aussi foldingue que moi. …. Que des moments fun. Quel décalage avec mes aînées !!